3 questions à Hermine Lefebvre pour la sortie de La Cité oubliée (Scrinéo)

Bonjour, et merci de prendre le temps de répondre à cette interview, qui prend la forme de trois questions autour de ton nouveau roman.

Bonjour, c’est avec plaisir, merci à toi pour cette interview !

1/ Tu as sorti il y a peu La Cité oubliée. D’où est venue la première étincelle de ce livre, placé dans une Venise de fantasy, avec toujours ces personnages adolescents qui te sont chers ?

Ce n’est jamais simple pour moi de revenir aux origines de mes romans comme ils se nourrissent de ce qui m’entoure et que ma Muse (le mélange de mon cerveau et de mon imagination) fait sa propre tambouille ensuite. Le cadre de Venise me parlait et je me suis finalement lancée, d’abord dans une nouvelle pour un appel à texte anglophone (j’aime les difficultés !). C’est là que sont nés les personnages de Clemente et de Lauro, dans une ville qui ne s’appelait pas alors Venise ou Venezia mais en avait déjà l’apparence.

C’est ensuite, lorsque j’ai décidé de transformer ce texte en roman, que j’ai pleinement utilisé le décor de Venise et que les autres inspirations ont pris forme. Avec ce cadre fabuleux entre terre et mer, l’idée d’une cité disparue, engloutie s’est imposée pour l’intrigue principale et j’ai ensuite travaillé ma Venezia en y ajoutant cette technologie steampunk, qui se mêle à la magie.

Qui dit cité disparue dit chasse au trésor… J’avais envie de faire un roman davantage tourné vers l’aventure que les précédents, en m’inspirant cette fois d’Indiana Jones, particulièrement « La dernière croisade » (qui se passe en partie à Venise !). C’est d’ailleurs ainsi que je résumais le projet au tout début : un Indiana Jones queer où l’on cherche l’Atlantide à Venise.

C’est l’assemblage de ces différentes étincelles qui a constitué petit à petit La Cité oubliée.

2/ On se prend d’amour pour le personnage de Clemente, plus que Lauro me concernant. Comment les as-tu conçus ? Car de nouveau, comme dans Sous le sceau de l’hiver, les deux sont totalement complémentaires. J’ai la sensation que tu conçois tes protagonistes avec un soin particulier, notamment en ayant toujours une gestion de leur genre très intéressante. Quelle fut l’origine de Clemente ?

Les personnages sont effectivement centraux dans mes romans, je les place au-dessus de l’intrigue et de l’univers et ils constituent mes points d’entrée quand j’entame l’écriture. La question de l’identité, de comment créer sa place dans le monde sont des thèmes importants pour moi et cela ressort à travers eux. La représentation et la pluralité, également, avec des personnages qui sont handi et/ou queers. J’essaie également d’avoir des personnages qui sont humains avant tout, qui ne sont pas parfaits ni toujours forts, qui ont leurs défauts et font des erreurs.

Comme tu le dis, Lauro et Clemente (merci pour lui !) sont très complémentaires, apprennent l’un de l’autre – et Fiore, complice de Lauro, équilibre le trio par son pragmatisme et son soutien. Comme pour mes idées, ce n’est pas quelque chose que je construis consciemment, tout se fait en arrière-plan, dans ma marmite intérieure, et mes personnages me viennent comme iels sont, avec leurs histoires, leurs caractères, leurs passés… C’est quelque chose de très intuitif, une alchimie qui se crée à un moment entre les idées de personnage, le cadre du roman et l’intrigue.

Lauro ne pouvait qu’être ce voleur bienveillant, obsédé par la Cité et la recherche de son père, hyperactif, animé par cette énergie décrite comme un feu d’artifice ; Clemente ne pouvait qu’être ce magicien renfermé et angoissé, aux trop lourds secrets, prisonnier de ce qu’on lui a dit depuis son enfance et de sa « malédiction ». Pour lui, c’est son pouvoir qui est venu en premier, cette capacité terrible à tuer tout être vivant qu’il touche (plante, animal, humain), à leur voler leur énergie vitale (ce n’est pas un spoiler, on le sait dès les premiers chapitres). Et à partir de ce fondement-là, tout le reste est venu : l’attitude de sa famille avec lui, ses propres réactions par rapport à cela, son rapport au monde biaisé et faussé.

Et il n’y avait qu’eux qui pouvaient vivre à Venise cette quête d’une cité perdue. C’est la même chose avec Fiore, puisque tu abordes la question du genre : là non plus, ça n’a pas vraiment été une décision, ille était non binaire, ça fait partie de ses caractéristiques fondamentales, au même titre que sa relation adelphique avec Lauro, sa présence permanente à ses côtés.

C’est vraiment une question d’alchimie et d’équilibre qui apparaît et les fait ensuite avancer et évoluer au fil du roman – sans que j’aie vraiment mon mot à dire, je ne fais que transcrire ce qui leur arrive. J’aime d’ailleurs beaucoup ce mot d’étincelle dans la première question, c’est un peu ça, mes personnages jaillissent comme des étincelles.

3/ La quête de cette Venise antique est des plus passionnantes et le lecteur se prend au jeu avec un côté page-turner très bien monté. Comment conçois-tu ce type d’enquête avant d’écrire ? Disposes-tu d’un cahier avec tous les indices répertoriés par exemple ?

Merci beaucoup ! Alors… Ma réponse risque d’être aussi frustrante que les deux précédentes.  Même si on commence sans doute à voir que je suis une autrice assez chaotique dans mon fonctionnement.

L’histoire s’est construite au fur et à mesure de son avancée ; je me laisse porter par les personnages et leurs réactions à ce qui leur tombe dessus. Je me suis également inspirée des ingrédients qu’on retrouve dans une chasse au trésor à la Indiana Jones : des messages codés à déchiffrer, des recherches en bibliothèque/dans des documents anciens, un peu d’exploration « souterraine » avec des pièges – même si, ici, mes personnages ne défoncent pas le sol d’une bibliothèque pour découvrir une crypte oubliée. Il y a une gradation, forcément, dans les dangers et les découvertes, et le tout finit par s’assembler assez logiquement. Je suis aussi quelqu’un qui retravaille beaucoup ses textes en correction, une fois que je sais où je vais, donc c’est plus facile d’agencer les différents éléments à ce moment.

Pour ce roman, j’avais envie de m’amuser, d’avoir ce côté aventure page-turner que j’ai moins ailleurs et d’y mettre ce qui me plaît dans ce genre.

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